Plusieurs familles Rroms vivent en squat à Sallaumines.
Ce mardi 19 juillet 2016, un huissier, accompagné des policiers, procède à l’expulsion d’une famille.
Cette famille n’a aucune solution de relogement. La famille est actuellement sur le parking de Aldi , à 100 mètres de leur ancien squat, avec les enfants et le grand-père.
Rappelons enfin que, ce 19 juillet 2016, toutes les télés et radios claironnaient l’état de vigilance canicule… Sans doute que les enfants et le pépé Rrom ne sont pas concernés, et peuvent passer la journée sur un parking bien ensoleillé….
Ci dessous quelques témoignages de militant-es de notre collectif, dans les heures et les jours qui ont suivi cette expulsion.
Mardi 19 juillet
22.30 Je rentre de Sallaumines. La famille au grand complet va passer la nuit dehors . Elle s'est posée devant l'entrée du parking de Aldi , dans le jardinet qui se trouve devant les maisons d'où avaient été expulsées les familles V. il y a plus d'un an .... maisons actuellement toujours inhabitées et murées ( quelle était cette urgence à expulser ceux qui les squattaient ? ) Cette fois je n'ai pas eu le courage de faire une photo... Cela me paraissait trop obscène... Voir que cela se passe chez nous avec tant de logements vides tout autour, voir qu'aucun responsable ne se sente concerné pour mettre ces familles à l'abri la nuit , ce serait incroyable s'il n'y avait pas Calais, Lille, Bobigny, etc... plus un accord pourri avec la Turquie , plus.... Le personnel de la MDS d'Avion s'est déplacé et a sans doute apprécié qu'il n'y avait pas de risque pour la santé des enfants et des adultes à passer la nuit là. Des bouteilles d'eau ont été fournies à la famille. La famille est invitée à se présenter à Avion demain. Pour quelle aide? Comment s'y rendra t-elle? La famille craint d'être dérangée ( attaquée ) par des rôdeurs . Je leur ai donné le N° de la police , mais.. J.
Le lendemain soir, la famille était toujours sur le parking, et s’apprêtait à y passer une seconde nuit…
Mercredi 20 juillet
Je reviens de Sallaumines.......dur dur...quel comble de voir des gens dehors ......devant des maisons murées dont certaines ont encore des rideaux.....horreur..... Je leur ai déposé du lait , de l'eau des biscuits, du chocolat des cartons récupérés. Ils sont a vue pour tous les clients de Aldi, une dame leur a déposé de l' eau, quelle image cela donne encore des rroms pour tous les gens qui ne connaissent pas leur histoire, avec cette expulsion récente.... Je ne sais plus qui évoquait d'inviter la presse ,....ne ferait-on pas un sitting... suis remontée comme on dit... MP.
Jeudi 21 juillet
Je déballe quand même la nourriture ....3 b. de lait,1 baguette, 1 barquette de c. rapées assaisonnées,6 tranches de blanc de dinde, des bananes, 1 paquet de biscuits au chocolat et 1 p. de 10 pains au chocolat, des lingettes pour nettoyer le visage. Tout ceci me semble bien dérisoire malgré les remerciements et la joie des 2 enfants. Ben environ 14ans, et parlant assez bien le Français, m'explique que la police vient de passer et de nouveau les a fait déguerpir !!! Ben et son père me demandent poliment si je peux charger quelques affaires dans mon coffre; le tout bien tassé, un seul voyage suffit ! A 2 ou 300m, cul de sac; ensemble nous passons sous une barrière, empruntons une petite montée et là, je découvre le grand-père et les petits au milieu de nulle part: un terrain herbeux, des arbres autour, eux aussi le long de la voie ferrée. Une toute petite tente est dressée pour les filles, une autre toile par terre ne pourra être montée: pas de piquets ! un vieux matelas roulé fera sans doute l'affaire pour tous les autres. Les policiers leur auraient dit qu'ils pouvaient rester là aussi longtemps qu'ils le voudraient ! ......Je regarde le ciel et redoute la pluie pour cette nuit....Avec leur permission, j'ai pris quelques photos... Ben et moi redescendons retrouver Corina; je lui demande ce qu'elle voudrait en urgence en dehors de la nourriture, elle a besoin de vêtements parce que lors de l'expulsion de leur squat, les policiers disposaient d'une benne et ont tout emmené: leurs vêtements, chaussures, frigo avec nourriture, tables et chaises, divan, couettes,leur petit matériel pour cuisiner, la vaisselle aussi comme des voleurs! Je repars leur disant que nous repasserons... B.
Vendredi 22 juillet
Situation: 3ème nuit à la belle étoile. Le Pépé a dormi assis dans le fauteuil, une 2ème petite tente avait été installée et B. en a amené une 3ème. Ce soir, tous seront plus à l'aise. B. a amené poulet, pain, fromage, chouquettes, eau et du café que nous avons dégusté ensemble; moment agréable. Distribution de chemises hommes et peu de vêtements enfants, Corina disposant d'un petit stock de savon lavait son linge, il n'était pas utile pour l'instant de le donner. B. le garde en réserve. Toutes deux avons beaucoup insisté sur l'obligation de tenir cet endroit très propre, sac donné hier et aujourd'hui + PH. Nous avons incité les enfants à ramasser, responsabilisé l'aîné. Plus rien ne traînait quand nous sommes parties; le père récurait la table et tout s'est fait gentiment. Les deux hommes au chapeau étaient là, ils sont frères, le plus bavard veut leur apporter des sacs de couchage et même un auvent; dans leur jeunesse, ils ont beaucoup campé ! Nos voitures étaient garées le long de la dernière maison, à l'entrée de ce mini-camp; un jeune couple est arrivé en voiture, c'est le jeune homme qui habite là; visage fermé, regard dur; impossible de lui adresser un bonjour. Son amie, toute souriante, a prévenu qu'il voulait rentrer sa voiture; je me suis avancée vers elle et j'ai expliqué la situation parce qu'ils sont aux premières loges........ Attentive, intéressée, elle découvrait ces situations. Petit à petit, la famille, les enfants et l'ami Marius venu les voir, ont participé à la conversation. C'était sympa et lorsqu'elle nous a dit qu'elle habitait Grenay, nous avons tenu des propos très élogieux et justifiés sur son Maire qui a su le premier offrir une maison à une famille Rrom... Expliquer, dédramatiser, accepter pour essayer de mieux vivre ensemble ! Son ami l'attendait dans sa voiture, malheureux... Il venait de perdre son boulot ! B. et B.